Le jeune homme l’avait installé sur le vieux canapé, tourné sur le côté pour le cas fort improbable où il vomirait. Il avait enfilé une vieille veste de tenue de camouflage de l’armée, et un bonnet vert et rouge. Il était sorti, refermant la porte, mais laissant la lumière allumée, il savait trop bien, qu’à son réveil, sans lumière, celui-ci risquait de paniquer. Il avait emprunté une petite rue piétonne qui le conduirait jusque sur l’allée Victor Hugo, il franchirait le pont, irait au kiosque voir s’il trouvait la vareuse, si elle n’y était pas, il pousserait jusque chez Mimi. Au besoin, demain, il irait au Secours populaire ou chez Emmaüs lui en chercher une autre, sûr qu’il ne serait pas en état pour y aller lui-même.

– C’est le moment, il est tout seul, on y va.

Ils s’étaient approchés sans bruit, avaient regardé d’abord discrètement par la fenêtre, il n’y avait dans le local, à première vue, qu’un homme allongé sur le canapé. Joseph avait fait signe à Rémi de surveiller les environs, lui, avait ouvert la porte, et s’était glissé à l’intérieur. Il avait un peu secoué l’occupant du « pucier », n’ayant pas de réaction, il avait fouillé dans les poches de la vareuse bleue avec des ancres de marine. Il avait extrait un portefeuille, et un rapide coup d’œil lui avait confirmé que c’était bien celui d’Antoine Perférer. Une carte d’identité, un permis de conduire, une carte de crédit, et une vieille carte de ski de l’époque où il était enfant, le tout en très mauvais état, comme s’ils étaient passés dans une machine à laver. Il le glissa rapidement dans sa poche.

– Ah ! Il n’a pas bonne mine notre ennemi numéro un.

Il lui brisa le cou sans remord. Il découpa une lanière dans la longueur de la couverture, il en confectionna rapidement un nœud coulant, il en découpa une deuxième qu’il noua à la première. Il attacha solidement l’ensemble à une poutre.

– Viens me donner un coup de main, dit-il à voix basse.

Le jeune homme, à peine arrivé sur l’allée Victor Hugo, se dit qu’après tout, il aurait bien le temps demain, au grand jour, de faire le tour de Figeac. Au besoin, il lui donnerait un de ses vêtements chauds, pas la peine de passer la soirée à chercher. Il remonta donc, pour s’assurer que tout allait bien, après quoi, il retournerait dans sa petite chambre.

Joseph, souleva le corps et Rémi lui passa le nœud coulant autour du cou, après s’être assuré que la corde improvisée tenait bien, ils sortirent en éteignant la lumière. Antoine, en arrivant, avait vu la lumière s’éteindre, intrigué, il avait attendu quelques minutes dans l’ombre. Il aperçut deux hommes sortir, monter dans une voiture et démarrer aussitôt.

Il avança rapidement vers la cabane, il alluma la lumière et vit son ami pendu au milieu de la pièce. Il s’approcha pour le descendre, mais se ravisa, il prit une chaise sur laquelle il monta pour tâter le pouls, aucun battement, le cœur était bien arrêté. Il fouilla dans toutes les poches, mais ne trouva pas son portefeuille. Il chercha encore autour du canapé, si toutefois il n’était pas tombé par terre… rien. À n’en pas douter, il ne s’était pas pendu tout seul, pourquoi avoir fait cela, il ne lui connaissait pas d’ennemi, dans ce milieu, on donne plus facilement un coup de couteau, mais on ne fait pas cette mise en scène, car c’était une mise en scène. Il n’avait aucune des marques caractéristiques des gens morts par strangulation, par étouffement, pas d’yeux révulsés, pas de langue pendante, non, il n’était pas mort de cette pendaison. Il le laissa tel qu’il l’avait trouvé, éteignit la lumière et disparut rapidement. De retour dans sa chambre, il s’était assis sur le lit et avait réfléchi. On le découvrirait demain ou après-demain, lui, il ne pouvait pas faire de déclaration, à moins d’appeler la gendarmerie, c’est ce qu’il allait faire tout de suite, d’une cabine téléphonique. Il ne pouvait pas le laisser pourrir comme cela au bout de ce semblant de corde.


  

Antoine a reçu un don de Dieu … ou du Diable ! Il a la faculté de lire dans le subconscient des gens. Cette anomalie de la nature va intéresser des gens avides de dominer le monde. Rapidement, avec leur aide, il côtoie les grands hommes politiques du moment. Il découvre alors des choses qu’il n’aurait pas du savoir, et décide de tout abandonner. On ne quitte pas l’organisation, sinon les pieds devant. Celle-ci finit par le retrouver à Figeac, la ville de Champollion. Il y est né, il la connaît bien, il s’y cache parmi les marginaux. Rien n’arrête les « barbouzes » lancés à ses trousses, ils doivent le retrouver et l’éliminer, les pertes collatérales ont peu d’importance. 

Jean-Louis, un journaliste local accepte de l’aider, contre l’exclusivité de son histoire. Arriveront-ils à vaincre l’hydre politique et financière ?