Vic est un vieil homme dont la passion est son jardin et ses santons de terre cuite.

La lune rousse va lui faire un cadeau étrange, elle donne vie à deux de ses enfants, Paul et Virginie. Ceux-ci s’envolent pour la Moldavie, le pays d’origine de « Papa Vic ». Seule contrainte, ils doivent être rentrés avant le coucher de la lune, ce qui correspond là-bas au coucher du soleil.

Ils y apprendront bien des choses sur le passé de leur grand-père, mais le temps passe vite, trop vite…



Ce conte a reçu le premier prix de la nouvelle jeunesse au concours de Serre et d’Olt en 2011.


  

  Cette lune rouge que tout le monde observe, montait doucement dans le ciel. Certains la regardent simplement avec étonnement, d’autres avec angoisse comme les agriculteurs qui redoutent un gel tardif, d’autres encore y voient la passion du Christ, quelques-uns entrevoient un bon ou un mauvais présage. Son rayonnement diffus sembla se concentrer en un faisceau rouge sang qui inonda quelques minutes la maison de Vic. Imperceptiblement, il se déplaça, prenant son temps, il finit par se focaliser uniquement sur la petite maison de Paul et de Virginie. Il se passa à ce moment-là quelque chose que personne n’est encore aujourd’hui capable d’expliquer. Contre toute loi de la nature, les paupières de Paul se mirent en mouvement, s’ouvrirent et se fermèrent pour se rouvrir à nouveau. Comme s’il découvrait pour la première fois Virginie, il se mit à sourire. Il entendit un bruit étrange dans sa poitrine, son cœur venait de se mettre à battre, un vrai cœur, comme celui des humains, comme celui de Vic. Aussitôt, une douce chaleur le parcourut de la tête aux pieds, son sang commença à faire son effet en circulant à travers ce corps d’argile. Il voulut s’avancer vers elle, mais ses pieds restaient inexorablement collés au sol, il tendit un peu plus les bras pour essayer de la saisir, mais n’y parvint pas, elle était un peu trop loin. Elle était là devant lui, toujours aussi belle, était-il possible que cette belle nuit lui donne la vie, et le prive de celle qui partageait déjà cette petite maison avec lui. Alors, prenant son courage à deux mains, il lui parla :

- Bonjour Virginie, réveille-toi mon Amour, nous sommes vivants, nous serons les enfants que Vic a tant souhaité avoir…

Virginie ouvrit doucement les yeux sur celui qu’elle aimait depuis toujours.

- Bonjour mon Amour…

Paul réussit à avancer vers elle,  l’embrassa tendrement, la prit par la main et la fit tourner sur elle-même.

- Tu es encore plus belle que je ne le pensais, lui avait-il dit.

- Toi aussi tu es très beau, avait-elle répondu en se blottissant contre sa poitrine. Fais-moi visiter le jardin.

Paul l’avait entraînée à travers les personnages inanimés qui peuplaient ce lieu magique. Aucun autre sujet ne bougeait, la « lune rouge », car ce ne pouvait être qu’elle, n’avait donné vie qu’à eux seul.